"Les mots des poètes éclairent parfois des itinéraires irrationnels condamnés par avance. Ils nous mettent en garde. Paul Mari en déchirant le voile des apparences n'a trouvé que la douleur de l'exil intérieur. Une nécessité d'écrire ce que jamais nous n'exprimons vraiment le hante, le tourmente et rouvre de lointaines cicatrices sous la pointe du couteau rustique d'une philosophie de la détermination. Soudain la sentence tombe, inexorable : "Ici, le malheur est héréditaire"
André Chenet, extrait de la préface à "La fin d'une histoire" (L'Harmattan Éditions, 2011)
Il y a des vies qui ont en moi plus d'importance
Même si des vents emportent mes rêves à l'autre bout du monde
il y a des vies en moi qui n'ont plus d'importance
je ne sais où étaient leurs soleils et leurs nuits
Pas mal de vie en moi ont été vécu par d'autres
que j'ai connus, de loin
comme des passagers pressés d'un voyage incertain
Souvent absent des lieux où il aurait fallu être
loin des gens avec qui j'aurais pu regarder naître l'aurore
Toujours des vies appartenant à des passants pressés
que je n'ai su connaître
lorsqu'aux branches du jour se suspendaient les rayons de lumière
J'ai traversé le temps sans en faire une histoire et vu de longs chemins s'effacer
ce qui me reste est si peu
que je ne peux l'oublier
Chaque vie est comme un oignon
quand on a fini de l'éplucher, on est en larmes
Sous un ciel meurtri par les étoiles
à Manu Linarès, patron de la Cave Romagnan
Sous un ciel meurtri par les étoiles
une araignée folle sur ses lèvres rouges
une femme danse l'oubli
Sans importance, le temps
qui s'aplatit sur son tapis roulant
Dans l'éclairage qui pleure au-dessus des poissons rouges
d'une cigarette à l'autre
des aventures s'inventent
Je pousse mon ennui
dans la ville basse
en parlant à la mer de l'autre côté de la rue
la mer c'est toujours beau
le dimanche matin
lorsqu'il pleut
Sous un ciel dont la tristesse me suit
dans le tapage mal éclairé de la Cave Romagnan
j'attends
celle qui n'est jamais venue
Dans la nuit essoufflée des hommes parlent
mais la magie s'est perdue
il n'y a plus qu'au cinéma qu'on rêve
Lorsque le matin malade apparaît
mes envies d'être heureux se défont
cependant que le saxo pleure
jusqu'à ce que j'aille sur la plage
remuer des galets
De voyager, m'a toujours laissé croire que je vis.
Le ciel descend des collines avec les hiboux
Le ciel descend des collines avec les hiboux
Le long des aiguilles de pin
la source emporte avec la ruse du renard
les rêves des enfants
Derrière les rochers éparpillés comme des signes
sur les crêtes du soleil
des paysans au regard lourd d'attendre la récolte
Le soleil gonfle les plumes des oiseaux
qui pour leurs noces vertes
accaparent des arbres épais
Sur le sexe serré d'une fille
assaillie par les odeurs des herbes sauvages
la chaleur déboule
Des mots d'amour
s'agrippent aux écorces des chênes
avant d'être emportés par le vent
En cette campagne émue
chaque fleur offre le calme
de la pleine lumière
Paul Mari
André Chenet, extrait de la préface à "La fin d'une histoire" (L'Harmattan Éditions, 2011)
De gauche à droite : Jean Joubert, Paul Mari, Tristan Cabral, André Chenet |
Le 18 mars 2012, dans la salle d'expositions de l'Office du tourisme de La Colle s/ Loup, se déroulait l'inauguration du festival de poésie "Les Fous du Loup". Paul Mari, Président d'Honneur du Festival, a ouvert le bal des poètes, avant l'intervention de Jean Joubert, parrain de cette première édition. À cette occasion, il a insisté sur le besoin de rendre à la poésie ses lettres de noblesse en la rendant accessible au plus grand nombre par le biais de cette sorte de folie qui consiste à laisser ceux qui l'écrivent organiser des rencontres insolites basées sur les mille et unes merveilles de l'imagination qui seule peut sortir l'humanité de sa torpeur et des banalités qu'engendre une civilisation bassement matérialiste telle que celle nous qui maintient tout juste les yeux au ras de la surface. Il a tenu a félicité Monsieur le Maire de La Colle s/ Loup et surtout les responsables culturels d'avoir mis à la disposition de l'association DANGER POÉSIE, les lieux (3 salles) et le matériel (amplis, micros, affiches...) sans lesquels ce Festival n'aurait pu voir le jour. Il a terminé par une lecture de poèmes extraits de son dernier recueil intitulé "La fin d'une histoire" :
Il y a des vies qui ont en moi plus d'importance
Même si des vents emportent mes rêves à l'autre bout du monde
il y a des vies en moi qui n'ont plus d'importance
je ne sais où étaient leurs soleils et leurs nuits
Pas mal de vie en moi ont été vécu par d'autres
que j'ai connus, de loin
comme des passagers pressés d'un voyage incertain
Souvent absent des lieux où il aurait fallu être
loin des gens avec qui j'aurais pu regarder naître l'aurore
Toujours des vies appartenant à des passants pressés
que je n'ai su connaître
lorsqu'aux branches du jour se suspendaient les rayons de lumière
J'ai traversé le temps sans en faire une histoire et vu de longs chemins s'effacer
ce qui me reste est si peu
que je ne peux l'oublier
Chaque vie est comme un oignon
quand on a fini de l'éplucher, on est en larmes
Sous un ciel meurtri par les étoiles
à Manu Linarès, patron de la Cave Romagnan
Sous un ciel meurtri par les étoiles
une araignée folle sur ses lèvres rouges
une femme danse l'oubli
Sans importance, le temps
qui s'aplatit sur son tapis roulant
Dans l'éclairage qui pleure au-dessus des poissons rouges
d'une cigarette à l'autre
des aventures s'inventent
Je pousse mon ennui
dans la ville basse
en parlant à la mer de l'autre côté de la rue
la mer c'est toujours beau
le dimanche matin
lorsqu'il pleut
Sous un ciel dont la tristesse me suit
dans le tapage mal éclairé de la Cave Romagnan
j'attends
celle qui n'est jamais venue
Dans la nuit essoufflée des hommes parlent
mais la magie s'est perdue
il n'y a plus qu'au cinéma qu'on rêve
Lorsque le matin malade apparaît
mes envies d'être heureux se défont
cependant que le saxo pleure
jusqu'à ce que j'aille sur la plage
remuer des galets
De voyager, m'a toujours laissé croire que je vis.
Le ciel descend des collines avec les hiboux
Le ciel descend des collines avec les hiboux
Le long des aiguilles de pin
la source emporte avec la ruse du renard
les rêves des enfants
Derrière les rochers éparpillés comme des signes
sur les crêtes du soleil
des paysans au regard lourd d'attendre la récolte
Le soleil gonfle les plumes des oiseaux
qui pour leurs noces vertes
accaparent des arbres épais
Sur le sexe serré d'une fille
assaillie par les odeurs des herbes sauvages
la chaleur déboule
Des mots d'amour
s'agrippent aux écorces des chênes
avant d'être emportés par le vent
En cette campagne émue
chaque fleur offre le calme
de la pleine lumière
Paul Mari (En arrière plan, une toile de Frederic Voilley, artiste invité par Les Fous du Loup) |
Manuscrit de Paul Mari |
Paul Mari