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Angye Gaona ou la liberté à tires-d'ailes (recueil n°1)

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Arte de Alexandre Gomes Vilas Boas, del Colectivo 308 - Brasil

Site web du Colectivo 308: http://www.coletivo308.blogspot.com



"Ne recueille plus de larmes, cœur tendre.
Et si un enfant prisonnier pleure, tu le diras,
et si un homme est torturé, tu le diras.
Ce n’est pas le moment de rentrer la colère, te dis-je.
C’est l’heure de forger et de faire luire le tranchant."

        Angye Gaona, extrait du poème tendre tissu
        Traduction: Pedro Vianna



Message à Stephane Hertsmans:

        Cher Stefan,

    Je n'ai jamais rencontré physiquement Angye. Par contre j'avais commencé à lire sa poésie grâce aux traductions en cours de Pedro Vianna que je lui avais demandé pour le prochain numéro de la revue La Voix des Autres qui paraîtra en mars prochain.

    Les poèmes d'Angye Gaona dégagent une force peu commune où l'imagination porte très haut et très loin l'éclairage de la conscience humaine. Le piège qui est en train de se refermer sur elle nécessitera la mobilisation du plus grand nombre. Des poètes du monde entier (entre 1 500 et 2000) ont à ce jour répondu à l'appel que Cristina et moi avions lancé au début du mois janvier. Pour le moment, nous ne pouvons que mettre le gouvernement colombien devant ses responsabilités en attendant le procès. En cas de condamnation définitive je ne doute pas que des associations internationales pour la défense des droits des êtres humains prendront le relais. Pour l'instant, il importe que le message circule de villes en villes, de pays en pays et que nous écrivions au juge (par courrier) et aux ambassades de Colombie (par e-mail). Ce qui est étonnant avec Angye c'est que, malgré les pressions qu'elle subit, elle conserve une joie de vivre phénoménale. Bien sûr, elle passe par des périodes de découragement profond, qui y résisterait à sa place? La mobilisation internationale en sa faveur lui apporte un surplus d'énergie et de confiance dans son combat pour la liberté et la dignité humaine. Elle se sait investie d'une responsabilité écrasante qui dépasse sa seule personne. Aujourd'hui, à travers elle, la poésie en ce qu'elle a de plus libérateur, de plus urgent, déborde irrésistiblement les frontières-prisons de l'ignominie auxquelles nous sommes tous, à quelque degré que ce soit, confrontés. Angye n'est pas un cas particulier et en cela elle incarne un symbole lumineux de notre action commune pour "changer la vie" en nous désenclavant des limites infernales qui nous sont chaque jour davantage imposées.

      Je ne pense pas que le régime colombien cèdera facilement car elle représente un réel danger pour lui. Malgré cela, il lui sera difficile de laisser se propager trop de vérités flagrantes quant à sa véritable nature, surtout en cette période où le sens même de nos démocraties suscite de nombreux débats et réflexions. Je ne doute pas un seul instant qu'elle retrouvera sa liberté d'action rapidement, qu'elles qu'en soient les embûches. Je vous salue bien amicalement,

                            André Chenet


Angye Gaona ou la liberté à tires-d'ailes

J'ai réuni en un recueil les poètes de différentes nationalités qui ont bien voulu faire un bout de chemin avec Angye Gaona dont le procès est en cours. La sélection présentée ci-dessous inclue deux poèmes non encore traduits (un poème en langue castillane de Mariano Garrido et un autre en langue italienne de Mariano Cinque).  A.C.


En Frontispice, un acrostiche de Pedro Vianna:


                                Pour Toi
  
Petite soeur de Colombie
     mi hermana
Tes mots caressent la Vie
   chantent l'Amour en criant
      Libertad !
Tu es forte ma fragile
Forte de cris qui dénoncent
      l'oppression
       l'injustice
       la corruption
Tu t'es levée pour
       Dire
au monde entier
     Basta !


Aimer la Vie c'est
  combattre la misère
  refuser le pouvoir de l'argent
       sale
Aimer la Vie c'est
   libérer la parole des poètes et des artistes partout à travers le monde


Les bourreaux ont assassiné
Federico Garcia Lorca
Victor Jara
Matoub Lounès....
des poètes des poètes des poètes encore et toujours
   des Poètes !
" Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue "
c'est Aragon qui nous le dit


Brillent au firmament les étoiles des poètes
    emprisonnés
    torturés
    mutilés
    fusillés
Lâchement brutalement férocement avec la force
           des puissants
           des impuissants
           des ignorants
Ces étoiles au firmament brillent
       pour toi Angye mon amie
       mi amiga
       mi hermana
Toi qui t'es levée qui as crié
Toi qui chantes l'Amour la Liberté la Vie

              la Vida !
Mi hermana
    nous sommes là
         pour TOI


        Françoise Ruban





    Angye Gaona

El silbo de los pájaros gira en una rueda
Quién le enrosca el cuello a la poeta de Bucaramanga
El contracanto perverso danza
Angye Gaona se detiene en el grito
Su corazón palpita en el caos
Ella es nuestro punto de referencia
Estamos moviendo el mundo
Para vestir a la prisionera
Tú alzas las lágrimas escarlatas
Y liberas su cuerpo lleno de ramas
Y liberas la celda pintada de alas

        Rosina Valcárcel
        Lima, Perú, 15 enero, 2012.





    Angye Gaona

Le sifflement des oiseaux tourne dans une roue
Qui s’enroule autour du cou de la poète de Bucaramanga ?
Le contre-chant pervers danse
Angye Gaona dans le cri s’arrête
Son cœur palpite dans le chaos
Elle est notre point de référence
Nous déplaçons le monde
Pour habiller la prisonnière
Tu soulèves les larmes écarlates
Et tu libères son corps débordant de branches
Et tu libères le cachot bariolé d’ailes.

        Rosina Valcárcel
        Lima, Pérou, 15 janvier 2012-02-21
        Traduit du castillan par Eduardo Caveri





A Angye Gaona, infatigable combattante de la Beauté:

Je suis la force de l'amour non calculé

Je suis semailles et visage du soleil méridien

Je suis lumière des fondations d'un Nouvel Homme passionné

-------
Quelle prémisse peut-elle porter la langue malade chargée de haine

alors qu’Angye avec son sobre manifeste
en poète libre sème autour d'elle
lucide étoile équatoriale l'amour fraternel la page mémorable

des invaincus insoumis avec simplicité d'une voix fraîche

qui plaît à l'oreille et bannit l'oubli.

        Eduardo Caveri, lundi 16 janvier 2012
----------------------------------------------------------------------

    Para Angye Gaona, luchadora infatigable de la Belleza

Soy fuerza de amor no calculado
soy siembra y rostro del sol meridiano
soy luz cimiento de un Nuevo Hombre apasionado

---------


Qué premisa lleva la lengua enfermiza cargada de odio
mientras que Angye con su sobrio manifiesto
de poeta libre siembra en torno de ella
lucida estrella ecuatorial el amor fraternal la pagina memorial
de los invictos insumisos con sencillez y fresca voz

que place al oído y destierra al olvido

        Eduardo Caveri, Paris, Francia, lunes 16 de enero de 2012








                               Carta abierta a los poetas


He aquí una reja en el aire
Se ha liberado
Como si un juicio no final la cruzara
Qué guarda ahora
A quién
De qué protege qué
De la vida

Angye Gaona; “Sublimación


A Angye, a quien queremos y exigimos en libertad

Poetas
con el pelo despeinado como toda rebeldía:
llegan cartas color tierra (porque vienen
amasadas con tierra), con perfume
de café (porque laten
en el grano y la semilla);
llegan cartas esmeralda (con el viento
de los Andes), llegan
como canción de la Amazonía (con
su cadencia). Urge
que las abran,
urge que las lean.

Poetas de gabinete:
llegan voces de Colombia que se elevan
(allí donde sembraron las mordazas);
llegan versos como flores de septiembre
(allí donde las flores van en tumbas).  
Urge que abran a tiempo los postigos.
(Los gritos que entrarán desde la calle
escoltados por el sol, por el viento,
vienen llevando en hombros la poesía.)

Poetas sin levita, estudiantes;
mujeres y hombres
sin caballo ni escudo;
campesinos; queridos
gastadores de suelas
(gastadas para otros):
llegan cartas de la tierra
que nos piden que estrechemos
nuevamente nuestros brazos.
Junto a ustedes marchamos.

Poetas oficiales, carceleros:
no aceptaremos rejas
ante la palabra rebelde:
ella va como el mar, siempre presente
(como el mar: siempre distinto);
No aceptaremos rejas
para la poeta insumisa:
ella grita allí donde otros callan
(ella grita allí donde silencian).

Poetas todos:
a partir de esta hora
aceptaremos como toda reja
los barrotes de una cuna.

        Mariano Garrido, 16 de enero de 2012




Lettre ouverte aux poètes

He aquí una reja en el aire
Se ha liberado
Como si un juicio no final la cruzara
Qué guarda ahora
A quién
De qué protege qué
De la vida

Angye Gaona; “Sublimación


   À Angye Gaona que nous aimons et dont nous exigeons la libération

Poètes
aux cheveux décoiffés pour toute révolte
des lettres couleurs terre nous parviennent (parce qu’elles arrivent
pétries avec de la terre), avec le parfum
du café (parce qu’elles palpitent
dans le grain et la  semence ) ;
des lettres émeraudes  nous parviennent (avec le vent
des Andes), elles nous parviennent
comme une chanson d' Amazonie (avec
sa cadence). Il est  urgent
de les ouvrir

Poètes de chambre :
des voix colombiennes nous parviennent qui s’insurgent
(là où l’on a semé des bâillons) ;

des vers nous parviennent comme des fleurs  de septembre
(là où les fleurs sont posées sur les tombes)
Il est urgent d’ouvrir à temps les volets.
(Les cris de la rue qui entreront
escortés par le soleil et le vent,
nous parviennent portant sur leurs épaules la poésie).

Poètes sans redingote, étudiants,
femmes et hommes
sans cheval ni bouclier ;
paysans, chers
gaspilleurs de semelles
usées pour autrui
les lettres de la terre nous parviennent
nous demandant de serrer
à nouveau nos bras.
Avec vous nous marchons.

Poètes officiels, geôliers :
nous n’accepterons pas de grilles
devant le mot rebelle :
il est comme la mer toujours présent
(comme la mer toujours différente) ;
nous n’accepterons pas de grilles
pour la poète insoumise :
elle crie là où d’autres se taisent

(elle crie là où l’on réduit au silence)

Poètes vous tous :
à partir de maintenant
nous n’accepterons de grilles
que les barreaux d’un berceau.

    Mariano Garrido, 16 janvier 2012
    traduction du castillan Eduardo Caveri
   





    FLEUR SOLAIRE
           à Angye

Ton courage est un sourire
Qui est une fleur de toute saison

Et tu l’offres en partage
Avec le compromis de l’indienne
Qui ne veut pas être sacrifiée
Dans sa liberté de rayonner

Juste le dieu-soleil
Et le chant de la terre
Juste l’espoir-feu
Qu’accompagne
Un parfum essentiel

Car tu es dans le peuple
Aux mille fleurs
Que ta respiration vivace
Embrasse

Et l’étreinte du voleur
Pourrait-elle
Étouffer le bruissement
De tes rêves éveillés ?

Elle chante – chantera
Ta parole
Autour de laquelle
Tournent les moulinets
De l’enfer
Oui ! Elle accompagne le soleil pour tous !

        Alain Minod




    Pour Angye, la Rebelle


une femme
s'angoisse d'avenir
contrée de Bogota
... seule
contre la mort qui guette

qui est cette femme?
elle se nomme Angye
une fleur pensive et douce
contre la barbarie
au crépuscule des
prisons

seule et le pouvoir des mots
apprend leur grammaire
pour oser l'avenir
quand saignent les habits de l'amour

nous témoignons
mois de veille et de feu
comme des compagnons
nous parlons à voix haute
nous veillons et
chaque signe rougit l'instant

nous te protégeons
tel un oiseau que l'arbre abrite
dans les feuillets témoins
et sans mélancolie
nous allons avec toi
porter la langue juste des vivants


        Nicole Barrière, le 15/01/12





  À Angye Gaona

Qui dira les jours défaits
Les draps froissés de l’injustice
Nous avons beau tendre la main
Le soleil tourne au fond de sa prison
Derrière les barreaux
Pour toi l’étreinte folle de l’espoir
Pour toi les vents de l’innocence
Ce sont les traces libres d’un lendemain
Qui ne peut plus attendre
Je porte la furie d’un jour qui s’est trompé de lumière
Je porte la liberté de plaider non coupable
Je porte les paroles nues des pétitions indélébiles
Je ne renoncerai pas
Même les fourmis viendront vous le dire
Tous les oiseaux ont signé la feuille de route
De l’horizon
Ils n’ont qu’une exigence
Libérez Angy Gaona

    Ernest Pépin
    Faugas/ Lamentin
    Guadeloupe
    Le  22 janvier 2012




La prison est-elle la maison des poètes ?
               à  Angye Gaona


Parfois les grands inquisiteurs bâtissent des rumeurs pour tuer les peuples

Parfois l’intérêt supérieur des morales inférieures est de tuer la vérité

Parfois les petits accusent leurs chiens de la rage pour pouvoir les tuer

Parfois les puissants accusent les poètes pour tuer les consciences



Souvent l’oiseau de la conscience est au bout d’un fusil

Souvent le chancre de l’ambition enfante des serpents

Souvent par crime la morale efface sa culpabilité

Souvent détruire est plus facile qu’avouer



Il est des pays où cisailler le chant des oiseaux est une fête
Il est des pays où faire taire un poète et une conscience n’est pas un crime
Il est des pays où les des Droits de l'Homme sont un danger

Il est des pays ou la poésie est rébellion

Il est un pays où Angye Gaona est enfermée.

        Jean-Michel Sananes, 13 janvier 2012




        A Angye Gaona

Tu crois encore en la valeur des mots
Mais ce monde les broie en bouillies d’infâmes pitances

Tu exhales les mots
Eux les craignent

.Un mot est si dangereux
 Délivré de la gangue de compromissions
 Où ils se vautrent
 Ceux-là que le pouvoir nourrit

En fortunes mal acquises
Comme nous tu ne demandes rien
Rien de plus que vivre et penser

Panser les plaies de chaque jour
Avec le baume de l’art et de la vie

Comme nous tu respires
Tu écris et tu clames
L’innocence d’être humains
Dans un monde sans

Ce monde sans bien sûr t’emprisonne
Ce monde sans nous emprisonne avec toi
Ce monde sans veut faire taire la vie

Mais voilà qu’elle coule de source claire
Dans les yeux insoumis de nos poèmes
Dans la parole lucide qui dénonce

Messieurs et mesdames qui prétendez au pouvoir
Veuillez noter dans vos tablettes
Que votre crime ne sera pas parfait

.
        Xavier Laîné, Manosque, 10 janvier 2011



   

    CRIMINI DI POESIA
    (ad Angye Gaona)

Quante volte riusciamo
ad essere ciò che scriviamo?

Con mano leggera
chiedi forme alla pietra
tra le tue labbra si schiudono
parole a riempir di senso il verbo
e Medellin il crocevia del dire.
Ma diteci: chi mai s'è fatto ricco
con un arma tagliente di poesia?
Per te solo galera, per i tuoi versi
nudi, coraggiosi dove gli ultimi
gli sconfitti i perseguitati trovano
l'abbraccio di una comune casa.
I tuoi “Hijos del viento” sono
pure figli nostri, calpestati da
orde grigioverdi, censura, tortura
ma non è facile uccider la parola
non come disinnescare bombe
o mettere sicura alla pistola
non come il rosario del potere
fatto di grani di menzogna, nel
rito dell'oscena vostra preghiera.
No Angye, tu sei un volo d'ala pura
che tocca i nostri cuori mai corrotti
per te la nostra lotta in versi, per te
nostra inarrendibile bandiera.

        marco cinque
        Roma, febbraio 2012





    AG. POETA, DONNA, COLPEVOLE DI POESIA


Avevo solo le mie parole.
Ma le mie parole fendevano il ventre molle del potere,
allora mi cucirono le labbra, mi vestirono delle loro colpe infami, dei loro abiti lerci.
Avevo solo le mie parole, lèggere
ma le mie parole facevano troppo rumore, come sogni colorati, e coprivano i loro spari
quindi le imprigionarono dentro mura mute perché altri non sognassero con me.
Avevo solo le mie parole, crude
puntate sulla loro vergogna
e le mie parole squarciavano il velo osceno,
e fu allora che mi tagliarono la mano che impugnava la lama.
Avevo solo le mie parole, appena nate
che si alzavano in volo nella loro fetida aria
e allora mi tolsero l’aria,
mi rinchiusero affinchè respirassi la loro.
Avevo solo i miei versi, liberi,
e la mia verità si aggrappava come edera ai loro piedi piantati nel fango
e divenni dunque la più forte delle minacce
e misero a tacere me, la libertà e la poesia.
Avevo solo le mie parole innocenti, di poeta, di donna
ma poiché la poesia urla nel silenzio assordante
e come una donna può partorire i figli e seppellire i morti ,
delle mie parole ebbero infine così folle paura
che fui detta “colpevole” e vollero farmele ingoiare tutte, ricacciarmele in gola.
Ma non posso ancora tacere.
Ho solo le mie parole, fatele vostre.
Perché si sappia di che stavo parlando.
Perché ho sempre detto solo ciò che da lì ho potuto vedere.

        Valeria Raimondi
        POESIADALSOTTOSUOLO
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Angye Gaona POETA, DONNA, COLPEVOL DI POESIA



Je n'avais que mes mots mais ces mots déchiraient le ventre mou du pouvoir.
Alors ils m'ont cousu les lèvres, m'ont couverte de leurs fautes infâmes, de leurs habits crasseux !
Je n'avais que mes mots, légers, mais ces mots faisaient trop de bruit comme des rêves peints et couvraient leurs détonations, c'est pourquoi ils les emprisonnent derrière des murs muets afin que d'autres ne rêvent pas comme moi!
Je n'avais que des mots, crus, pointés sur leur honte mais ces mots déchiraient le voile obscène et c'est alors qu'ils m'ont coupé la main qui empoignait la lame!
 Je n'avais que des mots, tout juste nés qui s'envolaient dans leur air infect, alors ils me privèrent d'air et m'enfermèrent afin que je respire le leur!
Je n'avais que mes vers, libres et ma vérité s'agrippait comme le lierre à leurs pieds plongés dans la fange et je devins alors la plus forte des menaces.
Ils m'obligèrent à me taire, moi, la liberté et la poésie!
Je n'avais que mes mots, innocents, de poétesse, de femme mais ainsi la poésie hurle dans le silence assourdissant comme une femme peut enfanter les enfants et ensevelir les morts!
De mes mots, ils eurent enfin, une peur folle, qu'ils me nommèrent coupable et voulurent me les faire tous vomir et les étouffer dans ma gorge!
Mais je ne puis encore me taire.
Je n'ai que mes mots, faites-les vôtres afin qu'ils sachent de quoi je parlais
car j'ai toujours dit seulement, ce que de là, j'ai pu voir!

        Valeria Raimondi
        POESIADALSOTTOSUOLO
        Tentative de traduction par: Marie France Soumare-Lorenzi





    CANTO XIII
((una poesia per Angye Gaona)

            “Se tutti comprendessimo che siamo tutti vulnerabili,
            saremmo tutti più umani e fraterni. Comprendiamolo!
Cristina Castello

Una grigia giornata, sul mio capo,
si prepara a srotolarmi la notte,
nel pensiero che va di là dal mare,
a Bucaramanga, dove tu, Angye,
soffri l’attesa di chi viene oppresso,
sapendo di non aver mai ficcato
le tue mani nell’illecito sacco
che ingiustamente infanga il tuo paese,
sapendo di aver soltanto lottato
per la giustizia, per la resistenza,
per qualcosa che si chiama verità.
E tu, Juan Manuel Santos Calderón,
di cui oggi nessuno qui ci parla,
no, pensare non puoi di reprimere
la rivoluzione, no, non puoi farlo,
non di certo incarcerando il corpo
che l’idea ne ha generato, non puoi,
perché non puoi incarcerare un’idea,
perché vola l’idea, fugge e naviga,
attraversa gli oceani e va a toccare
tutte le carni vive di chi vive,
perché ormai l’idea ti ha già sconfitto:
forse non oggi, ti dico, non oggi,
ma il suo peso lo sentirai domani,
se non domani, sul letto di morte!
Perché vedi, tu hai rinchiuso Angye,
ma guardami, vedi cosa ho in mano,
sono le sue idee che han viaggiato
fin nella piccola e lontana Italia.
Voglio vedere, io, se tu, Juan Manuel,
che del mondo ti credi il capitano,
saprai un giorno farti solo uomo
guardando nello sguardo del poeta,
e non so dire di poterti odiare,
ma di provare pena, compassione,
tu vuoi dominare i figli del vento,
noi poeti che viviamo di vita,
ma non puoi sentire il caldo vapore
che dai nostri cuori scava il mondo,
noi che viviamo per un solo lemma:
Rivoluzione! Rivoluzione! Rivoluzione!

            Andrea Garbin
 





    CHANT XIII (poésie pour Angye Gaona)

 « Si nous comprenions que nous sommes tous vulnérables, nous serions tous plus humains et fraternels...Comprenons-le !! » Cristina Castello

Une journée grise, sur ma tête
la nuit peu à peu s'achemine,
dans la pensée qui va au delà de la mer,
à Bucaramanga, où toi, Angye,
tu souffres dans l'attente qui vient t'oppresser,
en sachant ne jamais avoir sali
tes mains dans le sac illicite
qui injustement souille ton pays,
en sachant que tu as seulement lutté
pour la justice, pour la résistance,
 pour quelque chose que l'on nomme la vérité !
Et toi, Juan Manuel Santos Calderón,
dont personne ne parle plus ici,
non, ne pense pas non plus à réprimer
la révolution, non, tu n peux pas le faire
non, certainement pas plus qu’en incarcérant le corps 
tu n’incarcéras l’idée qui l’a engendrée
parce l'idée, elle, vole, fuit et navigue
traverse les océans et s'en va toucher
toute la chair des vivants
parce désormais, l'idée, elle, t'a déjà vaincue !
aujourd'hui je te dis ou peut-être pas aujourd'hui,
mais son poids tu le sentiras demain,
et si ce n'est demain, ce sera sur ton lit de mort !
Parce que, vois-tu, tu as emprisonné Angye,
mais regarde plutôt, ce que je tiens dans la main,
 ce sont ses idées à elle qui ont voyagé
jusqu'à la petite et lointaine Italie.
Je veux voir, moi, si, toi, Juan Manuel,
qui te crois le capitaine du monde,
tu auras seulement le courage d’être un homme
en regardant dans les yeux la poète,
et je ne peux même pas te dire de te haïr
mais de faire montre de peine et de compassion,
tu veux dominer les fils du vent,
nous les poètes qui respirons la vie,
mais tu ne peux sentir l’haleine chaude
qui ne nos cœurs creuse le monde,
nous qui ne vivons que pour une seule raison :
« Révolution ! Révolution ! Révolution ! »

            Andrea Garbin
(Essai de traduction collective à partir de la traduction de Marie France Soumare-Lorenzi)







LA TAUPE

La taupe est une ravissante et subtile égrugeuse. À m’exténuer les bras, m’éreinter à cette terre grasse mêlée de cailloux et de rhizomes embrouillés, je vénère et jalouse presque la vigueur de cette bestiole, non-voyante ou peu s’en faut. Convié par la tiédeur d’après le déjeuner, je suis sorti dans le jardin, grevé d’un poids bien plus pesant qu’ivraie, pierres ou glaise à décombrer. Soit à genoux soit le buste fléchi, persistant à extirper cette foison d’ivraie, alléger la glèbe trop compacte, j’ai senti sur l’échine la clémence de l’air, comme une étreinte affectueuse, embrassant pour consoler. De petits tas en petits tas (cailloux, rudes tiges velues, chiendent et autres herbes qu’on dit nuisibles), je me suis rapproché de la bordure aux acanthes. La terre binée, sarclée, a paru davantage elle-même, affinée, plus brune dans les plates-bandes. Alentour, les cyprès presque noirs, les pins, les peupliers effeuillés, les toits ocres, à peine roses, le pech boisé de vert très sombre, le ciel légèrement voilé, part de lumière qui nous abrite encore.

La nuit d’hiver est montée tout à coup. Un frisson m’a traversé, le châle de douceur anéanti sur mes épaules. Quelque chose de terriblement terrestre advenait, le ciel sang comme grenade avec ses graines de ténèbres. Quand la nuit cogne ainsi à nos portes, échoient temps et contrée de notre amie la vieille taupe, celle qui sait creuser sous terre pour apparaître brusquement.

        François Laur
        Carcassonne, le 30 janvier 2012.

* Karl Marx : «  Nous reconnaissons notre vieille amie, notre vieille taupe qui sait si bien travailler sous terre pour apparaître brusquement… »




    Angye

Cette nuit m'accable
de bruits de bottes
et de coups de matraques
de portes que l'on claque
et de fers qui s'entrechoquent

Cette nuit m'accable
de ses cohortes noires
et de leurs chiens de sang
qui rôdent dans ma mémoire

Cette nuit m'accable
de journaux incendiés
de bouches qu'on bâillonne

Cette nuit m'accable
de poètes qu'on emprisonne

au retour liberticide
de la nuit macabre

Bientôt

l'aube étendra sa rumeur
sur la retraite des chiens
et blanchira le ciel d'Angye
que cette nuit accable.

        Loran





        Dans les maquis de la poésie

Nous refuserons toujours d'aliéner les lueurs de l'aube
avec les armes des bourreaux
Nous refuserons toujours le verre que l'on nous sert rempli
des larmes du repentir
Nous ne prendrons jamais part au festin macabre
des maîtres et des esclaves
Nous  fourbirons des mots d'effroi avant que les charognards
ne nous dépècent 
Nous éradiquerons les frontières qui brisent en plein vol
nos élans fraternels
Nous passerons les gués tumultueux où tant d'éclaireurs
se sont brisés avant nous
Nous vivrons s'il le faut avec des poignes dévastées d'espérance
en travers de la gorge
Nous ne nous commettrons en aucun cas avec les ennemis licencieux
de la terre innocente
Nous fleurirons comme des incendies dans les confins
les plus inaccessibles de la nuit
Nous nous épaulerons et délivrerons les condamnés
aux travaux forcés de la défaite
Nous déchirerons les chairs desséchées des momies
qui vomissent nos mémoires
Nous construirons des puits de silence pour boire
l'eau pure des constellations
Nous découvrirons les sources de la poésie
après avoir détruit les machines à penser
Nous chanterons les mondes prodigieux qui naîtront
de notre facilité  à vivre et à aimer.

                    André Chenet, Paris, le 4 janvier 2012




Pour soutenir Angye Gaona: http://angyegaona.blogspot.com/
ou sur le blog de Cristina Castello: http://les-risques-du-journalisme.over-blog.com/

Adresse web du Collectif 308: http://www.coletivo308.blogspot.com

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